L’eau En Contact Avec Une Impureté

L’eau en contact avec une impureté est de deux types : soit l’impureté change le goût, la couleur ou l’odeur de l’eau, auquel cas il n’est pas permis de se purifier par son biais, selon l’unanimité des savants, ainsi que le rapporte Ibn Al-Mundhir et Ibn Al-Mulaqqin. Soit l’eau garde sa nature initiale et ne change ni de goût, ni d’odeur, ni de couleur, et elle demeure pure et purifiante, qu’elle soit en grande ou en petite quantité. La preuve de cela est le hadith rapporté par Al-Bukhari, Muslim et d’autres d’après Abu Huraya, disant qu’un bédouin se leva et urina dans la Mosquée. Comme les gens se levaient pour se ruer sur lui, le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, leur dit : « Laissez-le et versez un seau d’eau sur son urine, car vous n’avez été suscités que pour faciliter les choses, et non pour les rendre difficiles ». Abu Sa’id rapporte également : « On demanda : « Ô Prophète, peut-on utiliser le puits de Buda’a pour se purifier? » Le Prophète répondit : « L’eau est pure et rien ne peut la souiller ».

C’est l’avis d’Ibn Abbas, Abu Huraya, Al-Hasan Al-Basri, Ibn Al-Musayyab, Ikrima, Ibn Layla, At-Thawri, Dawud, An-Nakha, Malik et d’autres. Al-Ghazali a écrit à ce sujet : « J’aurais souhaité que l’avis d’Ash-Shafi’i au sujet de la règle de l’eau de purification fut identique à celui de Malik ».

Quand au hadith de Abdallah Ibn Umar, qui stipule que le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, aurait dit : « Quand la quantité d’eau équivaut au volume de deux jarres, l’eau n’est pas souillée », il est rapporté par Abu Dawud, At-Tirmidhi, An-Nasa’i, Ibn Maja, et Ahmad. Ceci étant il est mudtarib tant du point de vue de son énoncé que de sa chaine de transmission. Ibn Abd Al-Barr a dit dans son Tamhid : « L’opinion de Ash-Shafi concernant le hadith des deux jarres est faible au double point de vue rationnel et traditionnel ».

L’eau altérée par la salive (as-su’r) :

Le su’r est l’eau qui reste dans le récipient après qu’on ait bu dedans. Il y a différents types de su’r :

1- Le su’r de l’être humain :

C’est-à-dire l’eau qui reste dans un récipient où un être humain a bu. Cette eau est pure, que le musulman soit un musulman, un mécréant, un homme en état d’impureté ou une femme ayant ses menstrues. Quand à la parole du Très Haut « Les polythéistes ne sont qu’impuretés » (9/28), il faut l’entendre comme désignant la souillure morale que leurs croyances aberrantes peut représenter. D’autre part, le fait qu’ils ne prennent pas garde aux souillures et aux impuretés ne veut nullement dire que leurs personnes et leurs corps soient impurs. Au demeurant, les polythéistes fréquentaient les musulmans dans les débuts de l’islam, de même que leurs envoyés et leurs délégués rencontraient souvent le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, et entraient dans sa mosquée sans que celui-ci n’eut jamais ordonné de laver ce qui était en contact avec leurs corps. S’agissant de la femme en état de menstrues, Muslim rapporte d’après Aisha : « Je bus dans un récipient alors que j’étais en état de menstrues et le passai au Prophète, salla l-Lahu allehyi wa salam, qui mit ses lèvres à l’endroit-même ou j’avais mis les miennes ».

2- Le su’r de l’animal dont la chair est licite :

L’eau qu’il laisse après s’être abreuvé est pure dans la mesure où la salive d’un tel animal provient d’une chair pure, raison pour laquelle elle acquiert le même statut qu’elle. Abu Bakr Ibn Al Mundhir a dit : « Les savants sont unanimes sur le fait que le su’r de l’animal dont la chair est licite peut être bu et utilisé pour les ablutions mineures ».

3- Le su’r du mulet, de l’âne, des bêtes féroces et des oiseaux de proie :

Cette eau est pure, en vertu du hadith de Jabir, dans lequel il est dit : « On interrogea le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, en ces termes : « Pouvons-nous faire nos ablutions mineures au moyen de l’eau laissée par les bêtes? ». Il répondit : « Oui, y compris celle laissée par les bêtes féroces » (Ash-Shafi, Ad-Daraqutni et Al-Bayhaqi). De son côté, Ibn Umar a dit : « Le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, sortit un jour de nuit avec un groupe de compagnons. Comme ils passaient devant un homme assis devant son bassin, Umar lui demanda : « Les bêtes ont-elles trempé dans ton bassin cette nuit? » Le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, s’adressa alors à l’homme, lui disant : « Ô propriétaire du bassin, ne lui répond pas, car il exagère! ». Puis il ajouta : « A ces bêtes, appartient ce qu’ils ont emporté dans leurs ventres, et à nous de nous servir du reste pour notre boisson et notre purification. » (Ad-Daraqutni). En outre, Yahya Ibn Sa’id rapporte que Umar sortit un jour avec un groupe d’hommes parmi lesquels il y avait Amr Ibn Al-As. En passant devant un bassin, Amr dit à son propriétaire : « Des bêtes féroces se sont-elles abreuvées dans ton bassin?. Mais Umar intervint : « Ne nous le dit pas, car nous buvons de l’eau dont ils s’abreuvent et vice versa. » (Malik)

4- Le su’r du chat :

Cette eau est pure, en vertu du hadith de Kabsha Bint Ka’b, laquelle rapporte que son oncle Abu Qatada était un jour entré chez elle et qu’elle lui avait apporté de l’eau pour se rafraîchir. Or, une chatte s’était précipité sur le récipient d’eau pour s’en abreuver. Abu Qatada inclina alors le récipient pour que la chatte puisse boire à son aise. Voyant que sa nièce le regarda avec étonnement, il lui dit : « Tu t’étonnes ma nièce? – Oui, répondit-elle. – Alors sache, reprit-il, que le Prophète, salla l-Lahu alleyhi wa salam, a dit : « Le chat n’est pas impur ; il fait parti des animaux domestiques qui vous tiennent compagnie » (Abu Dawud, At-Tirmidhi, An-Nasa’i, Ibn Maja et Ahmad)

5- Le su’r du chien :

Il est impur et il faut obligatoirement s’en prémunir. S’agissant du su’r du chien, le Prophète, salla l-Lahu allyhi wa salam, a dit : « Lorsqu’un chien lape dans un de vos récipients, lavez-le sept fois ». Dans une autre version rapportée par Muslim et Ahmad, il est dit : « La purification du récipient dans lequel un chien a lapé consiste à le laver sept fois, dont la première fois en le nettoyant avec le sable ». Quant au su’r du porc, il a été interdit en raison de son impureté et de sa saleté.

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